« Je n’aime pas le thé, je prendrais une tisane avant de me coucher ». Si le thé et le café sont les boissons chaudes les plus populaires au monde, les tisanes ont toujours eu leur place dans un coin. Du remède de grand-mère aux traditionnelles infusions de camomille ou de verveine, en occident peu de gens penseraient à associer le thé et les tisanes. La rose fait parti des parfums les plus connus dans le thé, pourtant elle n’est pas beaucoup utilisée dans son état d’origine.
Les boutons de l’amour
La fleur de l’amour n’est pas là uniquement pour être jolie et dégager un magnifique parfum opulent. La rose peut être utilisée pour les infusions de différentes manières :
- Les pétales de rose, notamment les grands pétales de la rose de Damas. Le parfum est sucré, plutôt opulent. Les pétales sont plutôt utilisés pour de grandes quantités d’eau (> 1L)
- Les boutons de rose, ce sont eux qui sont le plus souvent associés au thé. Le parfum de rose est très concentré mais n’est en rien comparable aux aromatisations retrouvées dans les thés du commerce.
La Saint-Valentin de la rose et du thé
Les boutons de rose dégagent un parfum opulent, je ne recommande pas de mettre plus de 5 boutons de rose / 15cl. Les boutons de rose infusent bien à toutes les températures mais il faut les laisser longtemps pour avoir le parfum. Comptez au moins 5 minutes à 90°C et plus de 10 minutes à 70°C.
Les boutons de rose s’associent bien avec la plupart des familles de thés, certaines meilleures que d’autres :
1. Les oolongs oxydés développent des notes florales et fruitées assez prononcées sans la puissance des thés noirs. La rose étant une fleur relativement imposante, elle va bien mieux ressortir sans pour autant trop trancher avec le thé. Les températures d’infusion (90°C, 5min pour une infusion classique) sont proches de celles des boutons de rose ce qui permet une infusion optimale. Exemple de oolongs oxydés : Oriental beauty, Oolong indien, Oolong Fancy.
2. Les Pu’Erh cuits sont des thés qui ne sont pas corsés mais qui rappellent une cave : champignons de paris, terreux, parfois minéral. Je ne recommande pas les boutons de rose pour les Pu’Erh cuits les plus terreux mais ils sont parfaits sur des Pu’Erh cuits vieillis, souvent plus doux au goût. Ceux élaborer avec des bourgeons sont également parfaits pour les boutons de rose. La rose va adoucir le côté cave des Pu’Erh cuits et ajoutée une touche florale vraiment originale au thé tandis que les Pu’Erh apportent le caractère qu’il manque aux boutons seuls. Exemple de Pu’Ehr cuits : Pu’Erh < 2012/2013, bourgeons de Pu’Ehr, Pu’Erh cuits de Menghai et de Bu Lang.
3. Les thés blancs « de caractère ». Il existe une grande variété de thés blancs, certains ont un goût plus prononcé que d’autres. C’est le cas des thés blancs provenant du Yunnan en Chine qui ont un profil très vanillé, animal. De même, les thés vieillis comme certains Shou Mei ou ceux compressés en galette et vieillis en cave vont avoir des arômes beaucoup plus puissants. La rose va apporter une note florale forte mais ne masquera pas le goût de ces thés blancs. Les thés blancs sont des thés excellents pour laisser exprimer une aromatisation, à condition de faire attention aux dosages et à la base de thé blanc. Exemple de thés blancs : Shou Mei vieilli, galette de thé blanc, bourgeons/aiguilles de Yunnan, Yunnan Silver Moonlight, les thés blancs très aromatiques et très vanillés.
4. Les thés noirs sont les bases de thés les plus utilisées pour l’aromatisation à la rose, pourtant tous les thés noirs ne vont pas avec la rose. Les thés noirs sont souvent taniques, laissant une impression de « corsée » qui n’est pas retrouvée sur les thés énumérés plus haut. D’une manière générale, il vaut mieux éviter les thés noirs miellées et cacaotés comme les thés noirs de Chine (Qimen, Yunnan, etc). Les thés Assam en Inde sont parfois traîtres car ce sont les thés noirs les plus corsés. Si la rose peut atténuer le goût, elle s’en retrouve parfois trop diminuer. Les récoltes de printemps indiennes et népalaises ne s’accordent pas si bien avec la rose de part leurs notes trop variées dont l’équilibre est fragile. Les thés africains sont assez aléatoires même si j’ai remarqué que certains de qualité du Kenya marchaient bien. La rose est parfaite avec les récoltes d’été de Darjeeling (Margaret’s Hope, Thurbo, Namring, etc) et certaines du Népal (Guranse, Ilam) pour leur côté fruité et boisé non corsés. Les thés du Sri Lanka ou Ceylan sont aussi intéressants car ils sont à mi-chemin entre les thés Darjeeling et les Assam. Les thés noirs du Japon sont aussi assez étonnants avec la rose. Exemple de thés noirs : Margaret’s hope, Pathivara, Ceylan (Lover Leap, Uva), Benifuuki noir.
5. Les thés verts sont à double tranchant : soit le thé vert est amer et la rose ne sauvera pas les meubles ou alors la rose engouffre le thé. Les thés chinois, en particulier ceux qui développent des notes de fruits à coque sont les plus susceptibles de fonctionner. Les thés verts japonais vont assez mal avec la rose, les thés verts vietnamiens, coréens et africains sont trop forts pour la rose. Exemple de thés verts : Long Jing, certains thés jaunes, Tai Ping Hou Kui.
6. Les thés blancs « légers » sont des éponges à aromatisation. Sauf que la rose diffuse un parfum opulent et qui tient longtemps. Il aura tendance à masquer le goût des thés blancs comme le Bai Mu Dan.
7. Les oolongs peu oxydés comme le Tie Guan Yin ou le Si Ji Chun sont en total opposition à la rose. Ils développent des notes fraîches, souvent de fleurs blanches. Les fleurs blanches sont plutôt vives et légères contrairement à la rose. A éviter.
8. Les Pu’Erh crus combinent le goût des Pu’Erh cuits et le thé vert. Cette famille est très vaste, les arômes sont parfois très différents et d’une grande complexité. La rose perturbe cet équilibre.
9. Les thés torréfiés. La torréfaction est un bon moyen de convaincre un buveur de café … mais pas la rose. Elle masque souvent le goût de la rose.
Le saviez-vous ?
La rose est utilisée dans la pharmacopée chinoise pour calmer les douleurs au foie et pour le tonifier. Un foie en bonne santé est essentiel à la vie car son rôle est multiple :
- Régulation de la glycémie (libération de sucre, association de sucres sous forme de sucre de réserve pour les muscles par exemple)
- Métabolisme des vitamines et des lipides (élimination du cholestérol, stockage de plusieurs vitamines comme la vitamine D essentielle aux os)
- Synthèse de protéines du sang comme l’albumine essentielle au maintien de la pression au niveau des vaisseaux sanguins
- Détoxification du sang veineux qui passe par la veine porte hépatique (élimination des toxines et des médicaments, conversion d’agents chimiques dangereux, etc)
Sa détérioration peut être fatale pour la vie d’un individu. Si la cirrhose du foie liée à l’alcoolisme est une cause de destruction du foie qui est connue, ce n’est pas le cas de la maladie du foie gras (1) Cette maladie hépatique est favorisée par l’obésité morbide. Le foie accumule trop de triglycérides et d’acides gras, des lipides pourtant essentiels à la vie. L’excès de graisses perturbe complètement le fonctionnement des cellules hépatiques. Dans la cellule, il existe des structures que l’on appelle des organites et qui constituent la machinerie de la cellule. A l’image d’une usine, chaque organite aura un rôle bien défini dans le travail à la chaîne qui se déroule pour qu’une cellule fonctionne. Parmi ces organites, le reticulum, responsable de la maturation des protéines de l’organisme, ne fonctionnera plus aussi bien : un stress oxydant est généré pour alerter et détruire la cellule qui ne fonctionne pas normalement. Une inflammation chronique du foie va se mettre en place et va perturber progressivement le fonctionnement du foie. Diverses conséquences peuvent survenir à savoir la destruction d’une partie du foie voire la formation de tumeurs au foie.
Dans une étude sortie en 2017 (2), il a été montré que l’extrait de rose de Damas consommé quotidiennement par des rats atteints de la maladie du foie gras réduisait l’évolution de la maladie. En effet, le foie semble mieux fonctionner grâce aux extraits de rose puisque les taux sanguins de lipides sont augmentés indiquant une diminution de l’accumulation de graisses dans le foie. Différents examens du foie ont également prouvé que la rose induisait une activité anti-oxydante protectrice du stress oxydatif qui est généré dans la maladie du foie gras.
En 2015 (3), une étude a également démontré que les extraits de rose de Taïwan appliqués sur les plaies de souris ont des propriétés anti-inflammatoires en diminuant la sécrétion de molécules inflammatoires les plus répandues dans l’organisme comme le TNF-alpha ou l’interleukine 6. La maladie du foie gras étant une maladie dite inflammatoire, la rose pourrait être intéressante pour limiter les dégâts occasionnés par l’inflammation. De manière intéressante, cette étude a également prouvé que les extraits de rose ont un effet analgésique, réducteur de la douleur ressentie.
La rose n’a donc pas encore fini de livrer tous ces secrets de beauté et de bonne santé !
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