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Pourquoi dit-on que le thé est bon pour les défenses immunitaires ?

Dernière mise à jour : 22 févr. 2020

Grippe ou gastro, l’hiver met à mal notre système immunitaire. Renforcer notre ligne de défense face aux pathogènes est important pour ne pas tomber malade. A l’inverse, un dérèglement du système immunitaire peut être à l’origine de maladies dites auto-immunitaire comme la polyarthrite rhumatoïde. Contrôlé notre système immunitaire, c’est la clé pour une bonne santé. Comment le thé peut-y arriver ?


Notre corps est sujet à de nombreuses agressions quotidiennes : les pathogènes (bactéries, virus, etc), les plaies, le stress chronique. Pour se défendre, le corps met en place un vrai bunker : c’est le système immunitaire. Mais comment fonctionne-t-il ?


Le système immunitaire, le bastion de notre corps


La coupure de doigt en cuisinant est assez fréquente pourtant on n’en meurt pas malgré les milliers de pathogènes qui s’engouffrent dans la plaie. Dans les tissus de la peau et dans le sang, il existe des cellules immunitaires qui peuvent détecter immédiatement la présence de pathogènes entrants dans l’organisme. A la surface des pathogènes, des molécules bien particulières sont reconnues par les cellules immunitaires. Chaque cellule immunitaire aura une fonction particulière : certaines détruiront le pathogène d’autres l’absorberont pour donner l’alerte aux autres cellules présentes dans la peau. D’autres cellules immunitaires sécrèteront des molécules appelées cytokines. Elles sont pro-inflammatoires et attirent les cellules immunitaires plus lointaines : c’est l’inflammation. Certaines cytokines dilatent les vaisseaux sanguins pour faciliter le passage des cellules immunitaires et d’autres activent et attirent les cellules immunitaires directement vers le pathogène. Quand on voit que la coupure au doigt est rouge, gonflée avec une sensation de douleur sous forme de pulsations, c’est l’inflammation qui est mise en place (1)


Mais admettons que vous vous êtes coupés dans la jungle et que vous n’avez pas de trousse de soin. La plaie va s’infecter : la première réponse immunitaire appelée aussi innée ne suffit plus. A ce moment, c’est le système immunitaire adaptatif qui se met en place. Les cellules de la réponse immédiate qui ont absorbées des pathogènes vont les présenter à des cellules immunitaires beaucoup plus spécialisées : ce sont les lymphocytes. Il y a deux familles : les B et les T. Ils vont détecter des molécules à la surface des pathogènes que l’on appelle des antigènes. Les lymphocytes B vont secréter des molécules appelées anticorps, capables de se fixer sur un antigène précis. Les anticorps produits sont détectés par le système immunitaire. Les cellules immunitaires vont s’y fixer et entraîner différentes réponses : la réponse est dite spécialisée, adaptative. Les lymphocytes T sont capables de détecter les anticorps et les antigènes. Ils sont divisés en plusieurs types, certains capables de sécréter des cytokines pour modifier l’activité du système immunitaire contre le pathogène, d’autres pour directement détruire les pathogènes ou pour empêcher une suractivité du système immunitaire. Pour éviter de refaire l’ensemble de ce travail, le système immunitaire sauvegarde les informations un certain temps (plusieurs semaines à plusieurs années selon la fréquence d’exposition aux pathogènes) : c’est la mémoire immunitaire. Si le même pathogène revient, il sera immédiatement identifié et détruit beaucoup plus rapidement (1bis).


Le système immunitaire est complexe, tributaire à la fois des activités moléculaires engendrées par les cytokines et des cellules immunitaires concernées. Alors comment le thé peut-il agir sur le système immunitaire ?


Un accord thé et système immunitaire pas si simple …


S’il existait de nombreuses divergences de résultats, cela fait depuis quelques années que de nombreuses recherches en arrivent aux mêmes conclusions : le thé limite l’activité immunitaire. En 2013, deux chercheurs américains ont compilé les résultats principaux reliant baisse de l’activité immunitaire innée et adaptative par le thé vert. L’EGCG est le polyphénol du thé vert qui suscite le plus d’intérêt dans la recherche sur le thé, notamment pour ses effets antioxydants. Que ce soit sur des cellules immunitaires cultivés, des cellules immunitaires récupérées dans le sang de patients atteints de maladies comme le cancer (2) et chez le rat et la souris sains ou en situation de maladies inflammatoires, l’EGCG diminuerait les capacités de recrutement des cellules immunitaires innées et des lymphocytes B et T (3) L’interleukine 8 et l’interféron gamma sont des noms de cytokines bien connus pour augmenter l’activité du système immunitaire. La majorité de ces études ont prouvé que l’EGCG diminue la sécrétion de ces cytokines, et donc entraîne une diminution de l’activité du système immunitaire. Certaines études vont même plus loin en montrant que les cellules immunitaires présentent dans le sang de patientes atteintes de cancer du sein se multiplient beaucoup moins en présence d’extraits de thé vert (4)


Le thé, et particulièrement le thé vert, est plutôt étudié pour ses propriétés régulatrices du système immunitaire ce qui peut être un vrai atout quand le système immunitaire s’emballe : la maladie auto-immunitaire.


Quand notre propre organisme se retourne contre nous


Très tôt au cours du développement embryonnaire, le système immunitaire apprend à reconnaître chaque partie de l’organisme pour ne pas le détruire. Pourtant, il arrive que celui-ci n’y arrive pas et se mette à enclencher les réponses immunitaires innée et adaptative contre notre corps : c’est la réponse contre le soi. S’il n’y a pas encore d’explications fixes, les maladies auto-immunes peuvent être génétiques mais également dues à une inflammation chronique causant une suractivité du système immunitaire (5) Une des causes de plus fréquente de rhumatisme est une maladie auto-immune : la polyarthrite rhumatoïde (6) Cette maladie touche la membrane synoviale, une couche fibreuse qui entoure les ligaments et les tendons des articulations. Lorsque celle-ci est enflammée, les cellules immunitaires sont attirées et vont détruire le cartilage des articulations en réponse à l’inflammation. Les articulations seront alors progressivement détruites.


Une étude égyptienne sur cette maladie a été réalisée pendant 6 mois sur 120 patients. Ils ont consommés 4 à 6 tasses de thé vert par jour et fait des exercices spécifiques aux articulations. Les résultats de cette étude clinique ont démontré une amélioration de la maladie en plus du traitement classique à base d’anti-inflammatoires. En effet, les analyses sanguines ont montré que la consommation supplémentaire de thé vert diminuait les taux sanguins de molécules pro-inflammatoires comme la protéine C réactive. De plus, les chercheurs ont constaté une amélioration de l’état des articulations notamment sur les tendons et les ligaments qui apparaissaient moins abîmés (7)


Et donc le thé ne peut rien faire contre ma grippe ?


Au Japon, il existe plusieurs cohortes chez l’Homme démontrant que la consommation d’infusion de thé vert ou la consommation de ECGC diminuait les risques de contraction du virus de la grippe (8) Plus surprenant, les gargarismes au thé vert préviendraient la survenue de la grippe (9) Si nous n’en connaissons pas encore la raison exacte, il semblerait que les molécules du thé, plus particulièrement l’EGCG, agissent directement sur le virus plutôt que de booster le système immunitaire. Le virus de la grippe étant plutôt contracté par les voies aériennes, on peut imaginer que le thé vert limite l’entrée du virus, ce qui faciliterait la tâche au système immunitaire pour détruire les particules virales rescapées.


Le système immunitaire est un des mécanismes biologiques les plus difficiles à comprendre. Il est dépendant d’un grand nombre de type de cellules et d’un grand panel de molécules. Certaines recherches notamment sur la grippe et dans des contextes de défaillances immunitaires sont encore à creuser. Tous les résultats sur le thé vert, l’EGCG, les extraits de thés purs sont cependant intéressants car ils apportent de nouvelles perspectives pour des maladies auto-immunes jusqu’alors mal prises en charge.

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