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Du plastique dans mon thé : qu'en est-il exactement ?

Dernière mise à jour : 26 juin 2020

« Du plastique dans l’eau du thé », « il vaudrait mieux bannir les sachets de thé en plastique », « infusion aux microplastiques », « les sachets de thé libèrent des milliards de microparticules ». Une étude canadienne acceptée le 12 août 2019 a alerté la présence de millions de microparticules de plastiques lorsque les sachets de thé en plastique sont infusés à 95°c pendant 5 minutes. Mais qu’est-ce que sont ces microparticules de plastique et pourquoi font-elles réagir ?


S’il y a bien un mode de consommation du thé connu, c’est l’utilisation de sachets. Ces petits sacs munis d’une ficelle et d’une petite étiquette sont élaborés à partir de différents matériaux : le papier, le coton et surtout le plastique. L’avantage des sachets plastiques est qu’ils peuvent être produits massivement à faible coût et peuvent prendre différentes formes. De la simple pochette aux sachets plus qualitatifs pyramidaux dits « cristal », tout est possible avec le plastique. Et ce plastique est constitué de microparticules.


Mais c’est quoi exactement une microparticule de plastique ?


Une fourmi mesure quelques millimètres. Une microparticule c’est mille fois plus petit qu’une fourmi. Ce sont des particules invisibles à l’œil nu qui peuvent être libérées du plastique. Dans le cas du sachet de thé en plastique immergé dans l’eau chaude, les microparticules vont être libérées du plastique et restées en suspension dans l’eau. On ne peut pas empêcher ça, quelque soit la température de l’eau.


Alors si on rencontre ça tout le temps, c’est quoi le problème ?


A l’heure actuelle, le plastique pose de grands questionnements pour la santé humaine, plus particulièrement dans l’industrie alimentaire. Divers travaux scientifiques ont déjà prouvé la présence de plastiques dans certains aliments emballés (1) ou dans l’eau des bouteilles plastiques (2). Un rapport émit en 2019 par la société CIEL (3) récapitule les informations que nous connaissons sur le plastique chez l’Homme.


Les risques de toxicité liés à la matière elle-même sont nombreux : un risque cardiovasculaire, rénal, reproduction, neurologique, respiratoire, cancérigène, etc). Il existe d’autres sources de risques véhiculées par les microparticules de plastique. Celles qui sont libérées dans les liquides capteraient en moyenne 4% des additifs toxiques utilisés pour la fabrication elle-même. Un des plus connus, le bisphénol A, a fait l’objet d’un rapport de sécurité sanitaire mis à jour par l’ANSES en 2018 (4). Cet additif est depuis 2015 proscrit dans la fabrication des biberons ou des bouteilles d’eau.


Et du coup ces chercheurs ils ont fait quoi ?


Au nom de la science … Ils sont allés au supermarché pour acheter quatre marques de sachets de thé différentes (nous n’en connaîtrons pas les noms). Ils ont vidé les sachets, rincé trois fois les sachets pour retirer toute trace de thés et les ont infusés 5min à 95°C. Une fois l’infusion réalisée, leur étude s’est déroulée en trois étapes :


- Ils ont découpé des échantillons de sachets après l’infusion et ont procédé à différents types de filtration pour récupérer l’eau et les fibres plastiques des sachets. La récupération des fibres permet de voir si la structure du maillage du sachet est restée intacte et la récupération de l’eau permet de valider la présence et la taille de microparticules. Ils ont comparé des morceaux de fibres avant et après infusion par observation à différents types de microscopes. Le but : valider la présence de microparticules.


- Chaque molécule possède une « signature ». Elle correspond à la proportion de chaque composant de la molécule. Il est possible de détecter chaque composant d’une molécule et sa proportion pour pouvoir identifier à quelle molécule on a affaire. Le but : apporter la preuve que les microparticules récupérées sont en plastique et obtenir une information sur la quantité de microparticules dans l’eau.


- Pour vérifier la toxicité d’une molécule, il existe plusieurs solutions. Ici, les auteurs ont exposé une espèce de plancton (Daphnia magna) aux microparticules plastiques des sachets de thé. Chez ce plancton, des modifications de morphologie et une vitesse de nage moins élevée sont la preuve d’un effet toxique. Le but : apporter une première preuve de toxicité des microparticules.


On en tire quelle conclusion ?


Cette équipe de chercheurs est la première à avoir démontré que les sachets de thé en plastique infusés à une durée classique pour un grand nombre de buveurs de thé libèrent des microparticules en plastique (nylon et PET, deux matières plastiques courantes). La quantité qui est libérée est au moins 3000 fois supérieure à celle qui peut être retrouvée dans les aliments emballés dans du plastique comme le sel de table. Ces microparticules sont potentiellement toxiques, ici pour des organismes vivants comme le plancton (déformation morphologique et vitesse de nage plus faible).


Cette étude est intéressante car elle se base sur un mode de consommation du thé cohérent avec un large public et ceci pour différents types de sachets (dont les sachets cristaux qui sont considérés comme les meilleurs sur le marché).


Un autre fait plus inquiétant est qu’ils ont lavé trois fois les sachets de thé. Imaginez sans lavage ce que cela peut donner … Ils n’ont malheureusement pas pu mesurer la quantité de microparticules sans lavage à cause des molécules de thé qui auraient pu perturber leurs mesures.


Il faut cependant avoir à l’esprit que nous n’avons aucun recul sur la quantité de plastique quotidienne et non toxique pour l’organisme humain. Il existe aujourd’hui beaucoup d’alternatives pour éviter d’utiliser des sachets plastiques. Les sachets coton se développent de plus en plus (quoiqu’il faudrait aussi tester le coton infusé …). Le vrac reste sans doute la solution la moins risquée, quoique plus contraignante.


En tout cas ne brûlez pas tout de suite vos sachets, consommez avec discernement !

 

Pour les anglophones, vous pouvez obtenir la publication sur le site researchgate. Il suffit de cliquer sur ce lien puis de cliquer sur « Download full-PDF ». Une fenêtre de souscription à researchgate apparaîtra, Il suffit de l’enlever en cliquant sur la croix. Une fenêtre d’enregistrement de la publication en PDF s’affichera ensuite.

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