top of page
Photo du rédacteurM.D

Le thé et le syndrome de l'intestin irritable : le confort ou le chili ?

Le syndrome du colon irritable (appelé aussi syndrome de l'intestin irritable : SII) est la pathologie gastroenthérique la plus communément diagnostiquée. Plusieurs formes sont identifiées pouvant englobées un certain spectre de symptômes tels que la constipation, la diarrhée, les douleurs abdominales chroniques, une sensation d’incorfort régulière. Le point commun entre ces formes est un défaut de fonctionnement des muscles intestinaux qui empêche la bonne fin de la digestion. D’autres marqueurs sont à l’étude pouvant expliquer la persistance des symptômes notamment l’inflammation chronique de la muqueuse intestinale ou une perte de la diversité de la flore intestinale.


Quand on sait que les études suggèrent que le thé pourrait avoir un effet bénéfique sur un enrichissement de la diversité de la flore intestinale et sur la formation de cellules intestinales anormales, on peut se demander si le thé peut avoir un effet sur le SII.

Jusqu’à présent, les effets du thé ou des extraits de thés ont porté sur la protection gastro-intestinales, c’est-à-dire la capacité des polyphénols du thé à protéger le tissu intestinal des agressions extérieures (pathogènes, inflammation chronique) et intérieures (carcinogenèse, immunité, etc) mais seules des spéculations ont été formulées pour le SII.


Des études chez la souris ont montré que des extraits de thé vert Maojian seraient capables de réduire le SII à constipation en activant des molécules motrices présentent dans les fibres musculaires intestinales, la calmoduline et la myosine. Cette information est intéressante car cela signifie que le thé aurait également des effets physiologiques directs sur les muscles intestinaux. Cependant, lorsque l’on s’intéresse aux études sur des aliments riches en caféine, il faut en étudier les effets sur les tissus musculaires car la caféine peut les activer. Il n’existe à ce jour pas d’étude sur la caféine du thé et le SII mais on sait que la caféine du café augmente la sévérité du SII.


Si l’on synthétise ces rares informations, le thé aurait une action positive sur le SII au moins sous la forme associée à la constipation mais lorsque le SII est bien installé ou que des crises surviennent régulièrement, la caféine renforcerait le SII.


Mais lorsque le SII n'est pas encore là, que se passe-t-il ?


En mars 2023, un suivi médian de 12,4 ans de plus de 423000 personnes a été réalisé pour voir si le thé et le café diminuaient la probabilité de survenue de SII. Pour les personnes buvant moins d’une tasse de thé par jour, le risque de survenue de SII diminue de 25% mais ne diminue plus à plus de 4 tasses de thé par jour, et ceci sans lien avec le mode de vie et les caractéristiques physiques des personnes. Ces variations sont assez proches de celles du café mais pour le café le risque diminue de 25% à plus de 4 tasses de café. L’interprétation de ce résultat est délicate car nous ne disposons pas des quantités de caféines et de polyphénols dans les feuilles de thé et les grains de café consommés. De plus, une autre étude chez les personnes en surpoids et en obésité a mis en évidence que la consommation de caféine pouvait augmenter la sévérité des symptômes du SII et une autre étude sur le thé sombre LiuBao suggère un pouvoir préventif du thé sombre sur la survenue du SII.


Toutes ces conclusions rendent chèvres mais se justifient par notre compréhension des pathologies à l’heure actuelle. Si je prends par exemple les cancers, certains vont avoir un profil pathologique bien conservé ce qui facilite la prédiction de l’évolution et du traitement. En revanche, certaines tumeurs sont très différentes les unes des autres. Par exemple, un type de tumeurs peut avoir plusieurs sous-groupes avec chacun sa propre carte de visite (une grossit vite mais se répand moins, une a des patterns de progression encore inconnus, etc) et c’est un peu ce qu’il se passe avec le SII. Il y a un spectre de sous-groupes qui expliqueraient les effets différents.


On a vu par exemple que les personnes en surpoids et obèses avec un SII pourraient déclencher des symptômes plus sévères avec la caféine (inflammation intestinale chronique plus forte, motricité perturbée, microbiote différent).


Une personne avec un SII à constipation et une potentielle faible motricité intestinale pourrait bénéficier d’effets bénéfiques du thé et de la caféine.


Une personne atteinte de SII avec un déséquilibre de la flore intestinale pourrait bénéficier des effets des polyphénols du thé.

 

Il n’y a pas de réponses types pour le thé et le syndrome de l’intestin irritable parce chaque cause et affections seraient différentes entre les personnes. Il faudrait dresser des « cartes de visite » et comprendre sur quels paramètres biologiques le thé agit dans ces cartes pour pouvoir indiquer à la personne si oui ou non le thé va amplifier le risque de SII, atténuer ou augmenter les symptômes du SII.


Bibliographie

140 vues0 commentaire

Comments


bottom of page