Avez-vous déjà vu des feuilles de thé dentelée ? Des bourgeons écailleux ? Depuis quelques années, de plus en plus de boutiques de thés proposent à la vente des thés issus de Camellia Taliensis, une espèce de théiers communément retrouvée à l’état sauvage. Certains vendeurs parlent des thés qui en sont issus comme faiblement caféinés. Pourtant il s’agit d’un cousin du célèbre Camellia Sinensis Assamica, l’espèce de théiers la plus utilisée pour le thé, et il est reconnu que la grande majorité des feuilles de thés sont riches en caféine.
Cette question était déjà d’actualité dans les années 2000. En 2008, Gao et al. se sont intéressés à la composition en caféine dans les feuilles de thés verts issus de Camellia sinensis var. Assamica cultivés (une espèce de théiers riche en caféine) et Camellia taliensis sauvages. Les auteurs ont montré que les deux lots de feuilles de thés contenaient de la caféine (2,32 et 2,94% de caféine) à des taux proches de ceux qui sont rapportés dans les recherches sur le thé (2% à 3% en moyenne).
Plus récemment, Zhang et al. ont étudié la signature génétique de Camellia Taliensis avec Camellia Sinensis qui permet la synthèse de la caféine. La plante transforme une molécule appelée xanthosine en différents produits comme la théobromine, jusqu’à arrivée à la molécule finale : la caféine.
Le code génétique de la plante va dicter sa performance à réaliser ces transformations. La signature génétique de Camellia Taliensis pour la synthèse de la caféine serait proche de Camellia Sinensis, et pourrait même être plus expérimée dans certaines parties de la plante comme les fleurs et les bourgeons . Ceci peut s’exliquer par le fait que la caféine est une molécule de défense chimique contre les nuisibles. Camellia Taliensis étant une espèce sauvage, elle doit être capable de se protéger en produisant des molécules de défense.
Alors si Camellia Taliensis contient de la caféine comme son cousin, pourquoi certains vendeurs le vendent comme un thé « peu caféiné » ?
Tout comme il existe de grandes variations entre les Camellia Sinensis en terme de caféine, il en est de même pour les Camellia Taliensis. Ogino et al., spécialisés dans l’étude des théiers, se sont intéressés à des Camellia Taliensis japonais qui contenaient plus de théobromine (précurseur de la caféine) que de caféine. Après établissement de croisements entre théiers donnant un théier hybride appelé Taliensis-akame, les auteurs ont montré que ce Camellia Taliensis possède un marqueur (« CafLess TCS1 ») dans un des gènes de la synthèse de la caféine. Ce marqueur empêche l’expression du gène, les feuilles de thé n’effectuent plus correctement la synthèse de la caféine.
Prudence, les bourgeons et les feuilles de thé issus de Camellia Taliensis peuvent contenir autant de caféine que les autres feuilles de thé. Pour pouvoir indiquer que ces thés possèdent moins de caféine, il faut réaliser une analyse chimique des feuilles. En effet, certains Camellia Taliensis peuvent produire moins de caféine selon leur statut génétique initial et comment les théiers se sont reproduits (en contact avec d’autres théiers moins caféinés, etc).
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