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Pourquoi dit-on que le Pu-Erh fait maigrir ?

Dernière mise à jour : 25 janv. 2020

« Le Pu-Erh pourrait vous aider à maigrir » ou encore « Thé Detox/minceur », le thé sombre ou Pu-Erh joui d’une réputation brûle-graisse qui ne cesse de croître. Pourtant, peu d’informations et de sources sont donnés dans les médias. Quel est le secret de ce thé emblématique de la Chine ?


Le thé Pu-Erh est un thé qui est initialement produit en Chine. Contrairement aux autres types de thés, les feuilles de thé récoltées subissent une post-fermentation microbienne (bactéries et champignons). Ceci va donner au Pu-Erh des arômes uniques. (Pour plus d’informations sur le Pu-Erh, je vous renvoie sur l’excellent article du blog The Teapot Library).


En Chine et notamment dans le Canton, le Pu-Erh est une boisson médicinale pour faciliter la digestion. C’est cette propriété que les chercheurs ont cherché à comprendre et à vérifier chez l’animal puis chez l’Homme.


La haine du Pu-Erh contre les lipides


Une mauvaise digestion peut se traduire par une alimentation trop riche en lipides. En effet, en trop grandes quantités, les lipides sont mal absorbés par les cellules de la paroi intestinale. Ceci peut endommager la barrière formée par les cellules et peut provoquer crampes, diarrhée, etc


Depuis une dizaine d’années, il a été prouvé que les extraits Pu-Erh sont capable de limiter l’absorption des lipides par les cellules. Cette capacité est très similaire à celle qui a été étudiée pour le thé vert (1). Le Pu-Erh a aussi été révélé capable d’entraîner une oxydation des graisses et de diminuer la synthèse de nouvelles graisses (2)


Contrairement à la démarche scientifique classique, le Pu-Erh est beaucoup moins étudié in vitro¸ c’est-à-dire sur des cultures de cellules. Les premiers travaux ont été réalisés chez le rat en 1986 (3). Ces premières études ont révélé que le taux de lipides diminuait significativement quand l’alimentation des rats était supplémentée avec du Pu-Erh.


Le surpoids, l’obésité mais aussi la sédentarité induisent l’accumulation de graisses dans les tissus sous-cutanés et viscéraux. Les lipides de la graisse viscérale peuvent être libérés et s’accumuler le long de la paroi des vaisseaux sanguins. C’est un facteur favorisant l’apparition de maladies cardiovasculaires graves tels que l’AVC ou l’athérosclérose.


Ainsi, les chercheurs ont voulu comprendre si le Pu-Erh était capable de réduire le poids et la présence de lipides dans le sang pour prévenir de ces risques.


Le Pu-Erh, partenaire minceur des rongeurs depuis 1986


Bien que les premières études chez le rongeur aient débuté il y a presque 35 ans, c’est depuis une dizaine d’années que les études chez le rongeur s’accumulent. Dans trois études datant de 2019, des souris et des rats obèses ont perdu en moyenne 25% de leur poids corporel après consommation de Pu-Erh (pour un individu de 100kg, cela représente 25kg perdus).


Plus surprenant encore, dans l’étude menée par l’équipe de Huang (4), le poids corporel de souris obèses soumises à un régime riche en graisse et en Pu-Erh est revenu à celui de souris en bon état de santé. Pour comprendre pourquoi cette perte de poids apparaît, les équipes de recherche s’intéressent aux différents lipides dans le sang et au système digestif.


Le bon, le mauvais, le cholestérol


Le cholestérol est un lipide qui est essentiel dans le maintien de la membrane des cellules. Dans le sang, le cholestérol est véhiculé par des protéines particulières appelées lipoprotéines. On parle de HDL (Lipoprotéine de haute densité ou « bon cholestérol ») et de LDL (Lipoprotéine de faible densité ou « mauvais cholestérol »). Le HDL est capable de capter le cholestérol sanguin et de le transporter jusqu’au foie pour son élimination. Le LDL fixe le cholestérol au niveau des cellules des vaisseaux sanguins pour la rigidification et le maintien de leur paroi.


Avec trop de LDL et pas assez de HDL, les vaisseaux sanguins vont se rigidifier ce qui augmente les risques d’obstruction. Dans une étude datant de 2019 (5), des souris ont été soumises à un régime riche en graisses. Celles qui consommaient en plus du Pu-Erh ont vu leur taux de HDL augmenté et leur taux de LDL chuté. La balance entre ces deux cholestérols pourrait être améliorée par le Pu-Erh.


L’ennemi de la graisse saturée


Les campagnes de santé recommandent de limiter la consommation d’acides gras saturés (crème, beurre, lait, huile, etc). Ces lipides entrent dans la composition des LDL. Une proportion trop importante d’acides gras saturés entraîne un véritable cercle vicieux. La quantité de cholestérol déposée dans les vaisseaux est augmentée et les acides gras peuvent s’accumuler au niveau du bouchon artériel naissant (6).


L'étude de l'équipe de Huang a aussi révélé que les taux d’acides gras saturés sanguins et hépatiques ont diminué lorsque des souris obèses suivants un régime riche en graisses ont consommé du Pu-Erh. De plus, ces taux sont revenus à des valeurs proches de celui de souris sans régime particulier.


Quand les bactéries intestinales et le Pu-Ehr s’associent


L’an dernier, l’équipe de Xia (7) s’est intéressée à la perte de poids chez le rat obèse après consommation de Pu-Erh. Ils ont montré qu’elle pourrait être liée à la modification du microbiote intestinal.


Ce bouillon de bactéries intestinales appelées parfois « bonnes bactéries » est connu pour son rôle métabolique (dégradation de nutriments non digérés, produire de l’énergie, synthétisé des vitamines) et son rôle de barrière (barrière cellulaire physique et immunitaire). Le déséquilibre du microbiote entraîne un mauvais fonctionnement du système digestif. Le lien entre l’obésité et le microbiote intestinal commence à s’établir puisqu’il a été montré que des lipides particuliers surreprésentés chez les patients obèses, les LPS, perturbent le fonctionnement du microbiote (8).


Il a été démontré que la population d’Akkermansia muciniphila (une des bactéries les plus abondantes du microbiote intestinal) était plus représentée avec une activité renforcée par les extraits de Pu-Erh, en particulier en présence d’extraits de Pu-Erh cru (7).


Les actions du Pu-Erh sur le poids seraient multiples et pourraient être intéressantes couplées à des probiotiques.


On adopte le régime Pu-Ehr chez l’Homme ?


A ce jour, il existe 2 études réalisées chez des patients en surpoids ou présentant de l’obésité.


La première étude, réalisée en 2014 (9), se base sur 70 patients atteints de troubles métaboliques favorisant le surpoids et l’obésité. Un groupe a consommé 3 fois par jour des capsules d’extraits de Pu-Ehr en poudre pendant 3 mois. Ces patients ont perdu 1,3 kg en moyenne, sans régime alimentaire particulier. En revanche, il n’a pas été démontré de modifications sur les taux de cholestérol et d’acides gras sanguins.


La deuxième étude, réalisée en 2016 (10), se base sur 59 patients en situation de surpoids ou d’obésité et dont les taux de cholestérol sanguins sont supérieurs à la valeur limite. Un groupe de patients a consommé deux fois par jour du Pu-Erh en poudre pendant 20 semaines, sans régime alimentaire particulier. En moyenne, les patients ont perdu 1kg, avec une diminution globale de la circonférence des bras, des jambes et du bassin. Le taux de cholestérol a diminué en 4 semaines, le ratio LDL:HDL a été amélioré et le taux de lipides sanguin a diminué pendant les 8 premières semaines avant de revenir au taux de base.


Bien que ces résultats puissent paraître modestes, ces 2 études se basent dans le cadre d’une alimentation inchangée et potentiellement riches en graisse (étude 2016). De plus, la perte de poids n’est probablement pas dû à d’autres facteurs. Il serait intéressant de réaliser de nouvelles études en associant le Pu-Erh a une alimentation équilibrée pour voir si le Pu-Ehr optimiserait la perte de poids.


Il faut tout de même être prudent sur ces deux études car elles se basent sur du Pu-Erh en poudre. Il n’y a actuellement pas d’études qui comparent les effets du Pu-Erh en poudre et Pu-Erh infusé. La proportion de micronutriments dans la poudre par rapport à la feuille infusée n’a pas été mesurée. Enfin, la différence entre le Pu-Erh cru et le Pu-Erh cuit n’est quasiment jamais étudiée. Les seules études sorties se contredisent sur le pouvoir antioxydant du cru par rapport au cuit.


Une cure de Pu-Erh ne peut donc pas faire de mal, avec modération bien sûr !

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