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Thé et grossesse : quand nos précieuses feuilles deviennent notre ennemie

La grossesse, 9 mois au cours desquels il est nécessaire de prendre des précautions alimentaires. Le corps médical prescrit d’ailleurs souvent des compléments alimentaires pour pallier aux éventuelles carences et assurer le bon développement fœtal. Est-ce que les précautions alimentaires s’étendent jusqu’à la consommation du thé ?


La grossesse, un phénomène biologique très complexe.


La grossesse est la période comprenant la fécondation et la nidation (formation de l’embryon -> implantation dans l’utérus -> développement du fœtus) jusqu’à la naissance du bébé. Toutes ces étapes nécessitent la présence de molécules précises à des moments bien précis. On sait par exemple que la vitamine B9 ou acide folique est essentielle pour la synthèse des vitamines, des acides aminés et pour l’activité enzymatique nécessaire à la croissance du fœtus. Il semblerait que la prise d’acide folique au cours des premières phases de développement du fœtus contribue à limiter le développement de malformations graves car elle est liée au bon développement du tube neural, une structure embryonnaire qui donnera naissance au cerveau et de la colonne vertébrale par exemple.


Les polyphénols du thé : antioxydant mais aussi inhibiteur


Les polyphénols contenus dans les feuilles de thé, comme les catéchines, sont connus pour avoir une action antioxydante en captant des molécules réactives toxiques comme les ROS. Mais ils sont aussi connus pour capter certaines molécules comme le fer ce qui peut mener à l’anémie selon le régime alimentaire et la période de prise du thé.


Il semblerait qu’une autre propriété des polyphénols soit peu décrite dans la presse généraliste : sa capacité à bloquer l’activité enzymatique de certaines protéines. Notre organisme fonctionne grâce à des réactions chimiques engendrées par des protéines appelées enzymes. Par exemple, la DHFR est une enzyme capable de réduire la forme inactive de l’acide folique pour obtenir une forme active. Certaines études ont démontré que les polyphénols du thé sont capables d’empêcher l’activité de la DHFR ce qui réduit l’absorption intestinale de l’acide folique et sa biodisponibilité dans l’organisme.


En 2012, une compilation de suivis de grossesses de femmes consommant plus de 3 tasses de thé par jour et des compléments d’acide folique a mis en évidence que le thé pourrait limiter l’action de la supplémentation en acide folique, augmentant le risque de spina bifida (malformation de la colonne vertébrale) par rapport aux femmes ne consommant pas de thé mais prenant de l’acide folique.


Le thé et la grossesse : une question de trimestre ?


La seule quantité de thé n’expliquerait pas les risques de développement de malformations constatés dans les suivis de grossesse puisqu’il a déjà été montré que la consommation de caféine proche des seuils conseillés pour les femmes enceintes (autour de 200 mg de caféine soit environ 3 tasses) ne serait pas associée à un risque pour le développement fœtal.


La période de la consommation du thé serait le facteur de risque qui revient le plus dans les publications sur le thé et la grossesse. En 2019, Gaskins et al. ont suivi 15590 grossesses et se sont intéressés aux femmes consommant plus de 400 mg de caféine (seuil maximal de la population) sous la forme de café, de thé ou bien de soda. Les auteurs ont constaté que la consommation de plus de 400mg de caféine avant la grossesse et avant 20 semaines de grossesse multiplie le risque de fausse-couches de 1,11 fois par rapport aux femmes consommant moins de 50mg de caféine par jour. Cependant, la relation entre le café et les fausse-couches semblerait plus nette que celle avec le thé car les femmes de ce suivi consommait beaucoup plus de café que le thé. Des perturbations de la grossesse notamment l’hypertension ont été observées chez des femmes consommant plus de 300mg de caféine sous la forme de thé. Il faudrait donc surveiller sa consommation de caféine aussi bien avant la fécondation que pendant la première moitié du premier trimestre.


Il existe peu de données concernant le deuxième et le troisième trimestre de grossesse, quelques études suggèrent que la consommation trop élevée de caféine au cours du troisième trimestre retarderait la croissance du fœtus.

 

La mésentente de la grossesse et du thé commence avant la fécondation. En effet, la consommation de thé, en particulier supérieure à 3 tasses et plus de 200 à 400 mg de caféine avant la grossesse pourrait augmenter des anomalies fœtales. Des effets négatifs sur l’acide folique, l’augmentation de la probabilité de fausses couches et de malformations fœtales surviendraient pendant le premier trimestre. Enfin, les données de la littérature sont encore assez évasives mais il semblerait que le thé puisse retarder la croissance du fœtus au cours du troisième trimestre. Il faudrait donc limiter sa consommation de thé pendant ces périodes de la grossesse.

 

Consultez toujours un professionnel de santé lorsque vous êtes enceintes, n’hésitez pas à lui poser des questions sur le thé. C’est important par rapport aux supplémentations en fer et en acide folique par exemple

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