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Le thé est-il hydratant ou déshydratant ?

Parmi les idées reçues sur le thé les plus fréquentes, la déshydratation occupe sans doute une place de choix sur le podium. Pourquoi une telle idée reçue alors que le thé est composé en majorité d’eau ? Quelle molécule serait en cause ? Comment cela fonctionne exactement lors de la consommation ?


La caféine, molécule historique diurétique


L’un des organes majeurs dans le contrôle des niveaux d’eau dans l’organisme est le rein. Il va filtrer et sécréter le trop plein d’eau de l’organisme sous la dépendance d’hormones et de la concentration plasmatique détectée. Le phénomène de production et d’excrétion des urines s’appelle la diurèse. On parlera d’effet diurétique quand une molécule induit la sécrétion des urines.


La caféine contenue dans le café et le thé peut se fixer à des récepteurs de l’adénosine qui sont situés dans différentes portions du rein (néphron distal et tubule proximal, soit production et excrétion des urines respectivement). Elle va inhiber l’activation de ces récepteurs ce qui empêche l’absorption du sodium à de faibles doses. A forte dose (≥500 mg), la fixation de la caféine à ces récepteurs va induire un effet diurétique, en empêchant la réabsorption de l’eau et une sécrétion des urines par les reins. Ainsi, depuis les premières études il y a plus de 80 ans, les chercheurs se sont demandés si le thé induisait une diurèse, et par extension si les quantités de caféine du thé qui étaient ingérées étaient suffisantes pour induire une déshydratation.


Une étude de cas sur le thé noir


La première étude ayant étudié les effets directs de la consommation de thé en pratique (infusion à l’occidentale/anglaise, 24cl dont 2cl de lait, un sachet de thé noir d’une compagnie nationale inconnue) est sortie en 2011. Cette étude s’est basée sur différents protocoles : les personnes ont bu du thé ou seulement de l’eau. Il n’y avait pas de restrictions alimentaires. Les personnes consommatrices de thé ont bu 6 mugs par jour (252 mg de caféine) ou 4 mugs par jour (168 mg de caféine). 6 mesures des volumes urinaires, les volumes plasmatiques, les concentrations en sels minéraux, en créatinine et en protéines ont été réalisées sur une période de 12h.


Les auteurs n’ont constaté aucune modification des taux en sels minéraux, excrétion des urines et volume plasmatique. La consommation de thé noir ne semblerait donc pas entraîner un effet diurétique dans l’organisme.


Il est cependant important de noter que l’étude ne prend pas en compte le passif de chaque personnes incluses dans l’étude (buveurs quotidiens de thé ou non, quantité, etc) et que le nombre de personnes incluses est faible (21 personnes).


La caféine et la diurèse : aussi une question d’habitude ?


En 2014, Killer et al. ont réalisé une étude sur les consommateurs quotidien de café qui visait à montrer que les personnes qui buvaient du café régulièrement ne ressentaient pas l’effet diurétique de la caféine (volume d’urine, concentration en sels minéraux excrétés). Pour démarrer leur étude, les auteurs ont compilé un certain nombre de données dans la littérature scientifique : des suivis de personnes ayant ingéré de la caféine en tablette/comprimés, des buveurs de café, de boissons énergisantes et du thé. Dans 4 de ces études, les personnes évaluées étaient soient des consommateurs quotidien de caféine qui ont arrêtées plusieurs jours à plusieurs semaines ou des personnes qui consomment peu de caféine. Pour des doses de caféine allant de 250 à 680 mg de caféine, les études ont conclu à un effet diurétique induit par la caféine et les boissons caféinées. En revanche, 6 études sur 7 incluant des personnes consommant de la caféine quotidiennement (114 à 700mg de caféine) n’ont pas conclu à un effet diurétique de la caféine et des boissons caféinées.


Ces études suggéreraient donc qu’une personne buvant quotidiennement des boissons caféinées développerait une accoutumance à la caféine, limitant voir prévenant l’effet diurétique de la caféine.

 

Bien qu’encore marginalisées, les études sur la caféine et la consommation de café et de thé soulignent plusieurs choses. La caféine n’entraînerait un effet « déshydratant » qu’à des doses supérieures à 500 mg (bien supérieure aux normes préconisées par les autorités de santé). Une consommation régulière de thé en-dessous des limites maximales de consommation de la caféine ne provoquerait pas une déshydratation. Enfin, l’effet diurétique de la caféine pourrait être atténué si la personne consomme quotidiennement du thé et sans interruption de sa consommation. Les études sur le thé restent encore peu nombreuses et se basent surtout sur les méthodes d’infusion les plus répandues en occident (sachet de thé < 2g de thé, ajout de lait ou non, haut volume d’eau) et non sur des méthodes de réinfusion comme le Gong Fu Cha.

 



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